Call-box : le téléphone accessible à tous

Le téléphone portable s’est vulgarisé au Cameroun, mais les coûts de communication restent élevés. Certains opérateurs économiques ont eu l’idée de créer des sortes de cabines téléphoniques à prix réduits, appelées call-box.

Un tabouret, une table au centre de laquelle est fixé un parasoleil, deux ou trois téléphones portables, le tout installé le long de la route : c’est un call-box. Ce type de cabine téléphonique dans laquelle on peut passer des appels locaux à moindre coût s’est répandu dans tout le pays. On en trouve à tous les coins de rue.

Des coûts de communication réduits

Au Cameroun, un appel local d’un téléphone portable vers un autre varie de 125 Fcfa (0,19 €) à 200 Fcfa (0,3 €) la minute, en fonction de l’opérateur téléphonique choisi. Mais, à partir d’un call-box, la communication revient à 75 Fcfa (0,11 €) ou 50 Fcfa (0,07 €) la minute, vers n’importe quel opérateur de téléphonie portable.

Nadine Guemto, 30 ans, installée au lieu dit  »Carrefour intendance » à Yaoundé, est tenancière d’un call-box depuis cinq ans. Chez elle, la première minute d’appel coûte 50 Fcfa et le reste de la communication est facturé à 100 Fcfa (0,15 €) la minute.

Cette facturation est possible grâce aux accords signés entre les commerçants et les opérateurs de téléphonie mobile. Ces opérateurs offrent des bonus de crédit de communication à leurs meilleurs vendeurs. En principe, les commerçants doivent facturer une minute de communication à 100 Fcfa mais, pour booster leurs ventes, ils réduisent leurs tarifs et par la même occasion augmentent leurs bonus de crédit de communication.  »J’ai des accords avec mon fournisseur de crédit téléphonique. Si je réussis à faire un chiffre d’affaires de deux millions par mois (3.048 €) par exemple, il m’offre l’équivalent de 7% de mon chiffre d’affaires », explique Nadine Guemto.

En principe, les bonus de crédit de communication doivent être vendus et correspondent à la rémunération du commerçant. Mais les tenanciers de call-box préfèrent réduire leurs marges bénéficiaires en baissant les tarifs de l’appel téléphonique. Plus ils baissent leurs tarifs, plus les ventes augmentent et les bonus de communication aussi.

Le choix d’exercer ce métier

Avant de se lancer il y a 5 ans dans cette activité, Nadine Guemto, 30 ans, a été restauratrice puis vendeuse de poulet.  »Je n’accepterais pas un autre emploi, même s’il était rémunéré à 300.000 Fcfa (460 €) par mois », déclare-t-elle. Avec les revenus du call-box, elle dit avoir construit une maison et avoir contribué à hauteur de deux millions de Fcfa (plus de 3.000 €) aux dépenses liées à son mariage.

Il y a trois ans, l’activité de call-box était réservée aux jeunes diplômés qui n’arrivent pas à s’insérer dans le circuit du travail. Mais, comme Nadine Guemto, beaucoup de jeunes ont compris que c’est une bonne opportunité d’emploi. Ils ne se lancent plus dans le call-box par dépit, mais par choix.

Anne Mireille Nzouankeu

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